Tendinopathie calcificante de l'épaule

Qu’est-ce qu’une calcification des tendons de la coiffe des rotateurs ?
 

Il s’agit d’un dépôt de calcium situé à l’intérieur même du tendon. Le mécanisme à l’origine de ce dépôt n’est pas actuellement bien connu. Toutefois, il ne semble pas exister de lien entre l’apparition de ces calcifications et un éventuel traumatisme de l’épaule, une usure des tendons de la coiffe des rotateurs ou une maladie générale induisant une hypercalcémie (concentration trop importante de calcium dans le sang).

Questions fréquentes

Dans de nombreux cas, les calcifications sont asymptomatiques. Ainsi, de nombreuses personnes ont des calcifications des tendons de leur épaule sans même le savoir.

Les calcifications peuvent être à l’origine de douleurs lors de la réalisation de mouvements d’élévation de l’épaule en raison de la présence d’un conflit dans l’espace sous-acromial. La calcification peut en effet venir se bloquer dans l’espace entre le sommet de la tête de l’humérus et la partie inférieure de l’acromion. Les symptômes apparaissent alors pour des calcifications relativement volumineuses.

Parfois, des douleurs plus intenses peuvent survenir avec apparition de douleurs inflammatoires pouvant également survenir au repos. Dans les cas les plus importants, la douleur peut être nocturne et insomniante. En journée, l’impotence fonctionnelle peut être majeure avec une quasi impossibilité de mobiliser l’épaule. Ces importantes douleurs sont souvent en rapport avec une libération dans l’espace sous-acromiale et dans l’articulation de micro-cristaux responsables de ces phénomènes inflammatoires.

Le diagnostic est souvent radiologique. On demande alors des clichés de face avec différentes position en rotation (cliché de face 3 rotations) ainsi qu’un cliché de profil (profil de Lamy). Cela permet de voir la calcification sous différents aspects pour mieux apprécier ses caractéristiques.

On peut classer les calcifications selon leurs nombres et leurs formes :

  • Les calcifications de type A sont des calcifications uniques bien limitées
  • Les calcifications de type B sont des calcifications multiples bien limitées
  • Les calcifications de type C correspondent plus à des dépôts diffus de calcium infiltrant le tendon. Elles sont mal limitées.

Il est souvent demandé de réaliser un bilan complémentaire par échographie afin d’évaluer les tendons de la coiffe des rotateurs. En cas de doute sur une lésion tendineuse associée, une IRM peut parfois être réalisée.

Les calcifications se forment progressivement dans le tendon avant d’atteindre leurs tailles définitives. La durée de la phase d’état est ensuite variable pouvant aller de quelques mois à plusieurs années.

La dernière phase est la phase de résorption. La migration de dépôts calciques dans la bourse sous-acromiale explique les phénomènes inflammatoires et particulièrement douloureux rencontrés durant cette phase.

Le traitement des calcifications repose avant tout sur la mise en place d’une rééducation adaptée. Celle-ci permettra aux patients d’éviter de s’enraidir et de récupérer une mobilité de l’épaule plus « physiologique ». Une infiltration peut également être réalisée, en particulier lors de la phase douloureuse inflammatoire de résorption.

En cas de non réponse au traitement médical, les traitements les plus fréquemment proposés sont la réalisation d’ondes de choc, la réalisation de séances d’ultrasons, la trituration ou ponction-lavage-aspiration  sous contrôle radiologique ainsi que l’excision de la calcification lors d’une chirurgie sous arthroscopie.

Plusieurs arguments invitent à la  plus grande prudence dans le choix de l’indication chirurgicale d’une excision de calcification des tendons de la coiffe des rotateurs :

  • De nombreuses calcifications sont asymptomatiques : il faudra s’assurer que les douleurs soient bien en rapport avec la calcification.
  • Les calcifications ne sont pas associées à une usure des tendons.
  • L’histoire naturelle des calcifications se fait vers la résorption spontanée.
  • Les cas de raideur post-chirurgicale et de capsulite ne sont pas rares après la chirurgie.

Ainsi, le traitement chirurgical par arthroscopie des calcifications ne doit se discuter qu’en cas de résistance au traitement médical bien conduit pendant plusieurs mois (entre 3 et 6 mois). Dans la mesure où le résultat dépend de la qualité de l’excision, il ne doit s’appliquer qu’aux calcifications bien limités (de type A et à certaines de type B). Il est en effet illusoire d’exciser l’ensemble d’une calcification de type C sous arthroscopie car ces dernières sont par définition diffuses dans le tendon.

Les complications de la chirurgie des calcifications sont principalement représentées par la raideur post-chirurgicale. Dans certains cas, une véritable capsulite rétractile de l’épaule peut se développer. Elle associe alors douleurs et raideur de l’épaule. Elle se traite par une prise en charge rééducative adaptée et des infiltrations.

Bien qu’exceptionnelles, il faut également connaître les complications relatives à toute chirurgie. A côté des risques liés à l’anesthésie générale ou loco-régionale, il peut s’agir d’infection, d’hématome post-opératoire ou exceptionnellement de complications vasculo-nerveuses.

à retenir

Docteur Numa Mercier