Les infiltrations de corticoïdes

A quoi servent les infiltrations ? Quel produit est injecté ?

On injecte dans l’articulation de l’épaule ou dans l’espace sous-acromial des corticoïdes. Les corticoïdes sont des médicaments anti-inflammatoires puissants, prescrits dans les poussées inflammatoires en cas de lésions de la coiffe des rotateurs, de conflit sous-acromial ou d’arthrose de l’épaule. Ils sont à la fois plus efficaces (car au plus près des lésions) et mieux tolérés (moins d’effets indésirables) que les corticoïdes administrés sous forme de comprimés.

Les injections de corticoïdes ont une action anti-inflammatoire, précieuse dans les poussées aiguës et une action antalgique, précieuse quand les antalgiques habituels sont en échec. Dans les 2 cas, les injections intra-articulaires de corticoïdes permettent de « passer un cap difficile ».

Questions fréquentes

Les infiltrations de corticoïdes peuvent être pratiquées dans un cabinet de consultation soit par un rhumatologue soit par un radiologue.

Le médecin s’entoure des précautions d’asepsie habituelles : désinfection locale de la région avant l’injection et pansement sec recouvrant le point d’entrée de l’aiguille après l’injection.

Avec une aiguille montée sur une seringue, le médecin pique la peau puis pénètre dans l’articulation. Dans un 2èmetemps, il injecte l’anti-inflammatoire. Le médecin peut contrôler la position de l’aiguille par échographie ou par radiographie.

Après l’injection, le retour au domicile se fait en voiture et la mise au repos de l’articulation est conseillée pendant 48 heures. En règle générale, la tolérance de l’injection est bonne et les douleurs diminuent en quelques jours (entre 7 et 14 jours). Les douleurs peuvent être parfois accrues les 2-3 premiers jours.

On ne fait rarement plus de 3 infiltrations par an dans la même articulation.

L’injection de corticoïdes peut être responsable de troubles liés soit à l’injection, soit au produit injecté.

  • Un malaise vagal, réaction d’hyperémotivité se manifestant par des sueurs et un malaise général pouvant aller jusqu’à une brève perte de connaissance ; c’est un malaise bénin traité par la surélévation des membres inférieurs ;
  • Un saignement à l’intérieur de l’articulation ou sur le trajet de l’aiguille ; le risque est plus grand en cas d’hémophilie ou de traitement anticoagulant; dans ces cas, le médecin doit s’entourer d’un grand nombre de précautions (diamètre de l’aiguille, technique d’injection) ou déconseiller l’injection ;
  • Une infection articulaire, avec des signes inflammatoires et de la fièvre et la nécessité d’un traitement hospitalier avec des antibiotiques en perfusion.

Même si les infiltrations de corticoïdes sont couramment pratiquées, ce ne sont pas pour autant des médicaments anodins. Même injectés localement dans la région à traiter, ils n’en conservent pas moins des restrictions d’usage et des précautions d’emploi.

L’injection intra-articulaire de corticoïdes peut avoir des conséquences sur:

  • Un patient diabétique : si le diabète est mal équilibré, il est préférable de s’abstenir ;
  • Un patient cardiaque ou hypertendu
  • Un patient allergique : même si les allergies à la cortisone sont exceptionnelles, le signalement au médecin de toutes les allergies connues est la meilleure façon de prévenir les accidents ;
  • Un patient « infecté » : si la maladie infectieuse est en cours, il convient de repousser l’infiltration pour éviter l’aggravation de l’infection.
  • Un patient avec un glaucome oculaire.

Les autres effets secondaires connus des traitements corticoïdes par voie générale ne se produisent jamais avec les infiltrations (à moins de dépasser de très loin les quantités habituelles). En effet, les troubles endocriniens, troubles digestifs, déminéralisation du squelette, troubles cutanés, etc. n’ont jamais été observés à la suite d’une utilisation normale des infiltrations.

à retenir

Docteur Numa Mercier